Société
Pourquoi l’avenir de l’homme, c’est la femme
samedi 14 janvier 2023,

Chaque 8 mars, le monde célébrait la Journée internationale des droits des femmes. L’occasion de se rappeler le vieil adage « derrière chaque grand homme se cache une grande femme ». Et de rendre hommage à ces épouses, mères, muses, ou encore conseillères méconnues du grand public

L’avenir de l’homme, c’est la femme, disait Louis Aragon. A l’instar du célèbre poète, ils sont nombreux, ces grands hommes, à affirmer que sans le soutien des femmes de leurs vies, leur ascension professionnelle aurait été différente.

La magie du regard maternel

La mère en particulier est souvent décrite dans les récits biographiques comme l’agent de nombreuses destinées illustres. Et pour cause : ses croyances au sujet de sa progéniture sont un peu comme les vœux dans les contes de fées. Elles ont tendance à se réaliser. Cet effet Pygmalion a été abondamment décrit par les sociologues et peut se résumer en une phrase de Goethe : « Traitez un homme pour ce qu’il est et il restera ce qu’il est. Traitez un homme pour ce qu’il peut être et il deviendra ce qu’il peut et devrait être. »

Une prophétie autoréalisatrice

Stanley Ann Dunham nous fournit un bon exemple de ce que le sociologue Robert Merton appelle une prophétie autoréalisatrice. La mère de Barack Obama avait en effet coutume de dire que son fils était « tellement brillant qu’il (pouvait) faire ce qu’il (voulait) de sa vie, même devenir président des Etats-Unis. » Elle s’attendait d’ailleurs à ce qu’il devienne un mélange d’« Einstein, de Gandhi et d’Harry Belafonte » et, pour y parvenir, n’hésitait pas à le réveiller à 5h du matin pour faire son apprentissage de l’anglais.

Décrite par l’ancien président comme « une personne très forte à sa façon, résiliente, capable de rebondir malgré des revers, persévérante – comme lorsqu’elle a fini sa thèse de doctorat », Stanley Ann Dunham a très tôt développé un esprit d’indépendance hors du commun qu’elle a inculqué à son fils. « Comme sa mère, Obama a un don d’écoute extraordinaire, une capacité à s’immerger dans d’autres cultures, à comprendre sans moraliser ou juger. Comme elle, il comprend des mondes différents sans vraiment appartenir à un seul », écrit le journaliste Jacob Weisberg.

La mère d’Edward Teller, le physicien hongro-américain connu comme le « père de la bombe à hydrogène », nous fournit un autre bon exemple de prophétie autoréalisatrice. Ilona Teller « se promenait un jour avec une amie dans un parc de Budapest pendant sa grossesse, raconte James Hillman dans Le code caché de votre destin. L’amie lui demanda pourquoi elle ralentissait le pas et étudiait le paysage. La future mère répliqua : « J’ai le pressentiment cette fois que ce sera un garçon et je suis sûre qu’il sera célèbre ; je cherche le meilleur endroit pour lui ériger une statue. »

« Valéry Giscard d’Estaing ne tétait pas comme les autres »

Persuadée que le fruit de ses entrailles était appelé à un glorieux destin, May Giscard d’Estaing a été jusqu’à affirmer que « Valéry ne tétait pas comme les autres. » Quant à Rose Kennedy, elle a reconnu en John la carrure d’un futur président alors que celui-ci savait à peine lire.

Enfin, citons encore les cas des présidents nord-américains Woodrow Wilson, Harry Truman, Dwight D. Eisenhower, Lyndon Johnson, et Richard M. Nixon, tous choyés par leur mère, mais aussi celui Jacques Chirac. Fils unique particulièrement dorloté, l’ancien président français a confié que sa « mère ignorait ses bêtises et magnifiait ses réussites. »

La mère professeure
Certaines mères poussent leurs enfants sur la voie du succès en leur transmettant un savoir. Le célèbre pianiste nord-américain Van Cliburn a ainsi par exemple appris la musique grâce à sa mère. « Dès que j’ai eu 3 ans, elle m’a donné des leçons de piano chaque jour de ma vie. Absolument chaque jour. Nous nous mettions au piano et elle disait : « Maintenant oublie que je suis ta mère. Je suis ton professeur de piano et nous devons travailler sérieusement. »

Le compositeur et parolier Cole Porter, auteur de quelques-unes des plus célèbres comédies musicales de la scène nord-américaine, portait le nom de sa mère Kate Cole Porter et incarnait également le rêve de la vie de celle-ci : devenir musicienne. « Elle fit en sorte qu’il sache jouer à 8 ans, qu’il suive des cours de musique à 10 ans, quitte pour ce faire à devoir parcourir régulièrement cinquante kilomètres en train », poursuit James Hillman.

Quant à la mère de Frank Lloyd Wright, elle savait que son fils deviendrait architecte et, disent les biographes, l’orienta dans cette voie en accrochant les photos de différents édifices aux murs de la chambre du bébé.

L’épouse zélée et dévouée

Parfois, ce sont les femmes amoureuses qui savent mieux que quiconque mettre un vent de force dans les voiles artistiques et créatives des hommes qu’elles aiment.

La rencontre de Mercedes Barcha Pardo a par exemple été déterminante dans la construction de la carrière du Colombien Gabriel García Márquez, Prix Nobel de littérature 1982. « C’est elle qui a permis l’achèvement du chef-d’œuvre Cent ans de solitude », assure Lucy Lorena, journaliste au quotidien espagnol « El Pais ». En effet, celui que toute l’Amérique latine surnomme affectueusement « Gabo » a longtemps été un écrivain désargenté entretenu par son épouse et amour de jeunesse. « Quand il n’y a plus eu d’argent, elle ne m’a rien dit. Mercedes a pu, je ne sais pas comment, obtenir du crédit chez le boucher, chez le boulanger, et même chez la personne à laquelle il fallait payer le loyer », a révélé des années plus tard un Gabriel García Márquez reconnaissant. Fidel Castro, ami intime du couple, confiera par ailleurs au biographe de l’écrivain que dans ce duo, « celui qui a (vait) décroché le jackpot n’était pas Mercedes, mais bien Gabo. »

Quant à Léon Tolstoï, pendant qu’il s’adonnait à la chasse et à l’écriture, sa femme Sofia, « mue par ce désir ardent de lui être utile, de lui plaire en tout », gérait leur domaine, veillait aux ressources du ménage, mais aussi relisait, corrigeait et recopiait les manuscrits (elle ira jusqu’à retranscrire sept fois Guerre et paix) et lui donnera treize enfants.

La muse

Enfin, Gala, l’épouse et muse de Salvador Dalí, a joué un rôle essentiel dans le succès de l’artiste espagnol en organisant ses expositions, en supervisant la vente de ses toiles, mais aussi en gérant les journalistes et les photographes. Dans La Vie secrète, Dalí, qui a toujours affirmé qu’il était devenu un grand artiste grâce à Gala – certaines de ses œuvres sont d’ailleurs signées « Gala-Salvador Dalí » – lui rend hommage comme suit : « Elle était destinée à être ma Gradiva, celle qui avance, ma victoire, mon épouse. »

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